Le Lac Ishka


Le lac Ishka

« AAAAAAAOUOUOUOUOU !!!!!! »
Cet effroyable cri qui déchire la nuit n’est pas le hululement du loup grand-duc, non. Il s’agit du cri de douleur lâché par Morycett alors que sa tisane brûlante de salsepareille se répand sur ses pieds nus. Sur le seuil de sa hutte, la vieille sorcière contemple la nuit. Les trois lunes sont pleines et l’on y voit presque comme en plein jour. Comme à chaque triple pleine lune, elle ne peut trouver le sommeil et cherche, dans la vallée environnante, les réponses à ses trop nombreuses questions.
Comme à chaque triple pleine lune, des marques phosphorescentes sont apparues sur ses poignets ridés.
« Et comme à chaque triple pleine lune, mon eczéma se pointe ! » bougonne Morycett, prise de démangeaisons dans des zones que ses doigts noueux ne peuvent plus atteindre depuis bien longtemps.
Comme à chaque triple pleine lune, un faisceau de lumière bleue jaillit du cœur du lac Ishka. Les anciens racontent qu’au matin suivant une nuit de triple pleine lune, un îlot avait émergé au milieu du petit lac. Ce minuscule bout de terre n’abritait rien, excepté un puits sans fond. Maints aventureux avaient tenté de l’explorer, mais nul n’en était jamais ressorti. La peur s’était emparée des villageois lorsque à la triple pleine lune suivante, une lumière bleue avait jailli du puits. Un autel, et des milliers de sacrifices plus tard, le puits n’avait toujours pas daigné révéler ses mystères. Au fil des siècles, l’imagination fertile des ménestrels avait achevé de forger la réputation du lac Ishka et de son îlot Grigor.
Comme à chaque triple pleine lune, l’auberge du petit village est bondée d’aventuriers aussi audacieux qu’intrépides, prêts à braver l’inconnu, attirés par la promesse de revenir couverts d’or et de gloire, détenteurs d’un trésor fabuleux… ou du secret des Dieux. « Tous des crétins oui ! »Ils s’enivrent d’hydromel avant de se précipiter sur les barques et la moitié de ces demeurés se noient avant d’atteindre Grigor ! » Pourtant cette nuit, quelques torches se détachent des autres et ne se dirigent pas vers le petit port de pêche. Cette nuit, quatre flammes vacillantes longent le port et contournent le lac en direction du nord. Cette nuit quatre silhouettes se dirigent vers une petite hutte de pierre et de paille d’où une vieille sorcière les observe.
« Cette nuit, peut-être… »

Texte écrit par Sirpë Ráma

 

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